LES SOURCES DE LA MUSIQUE AFRO-AMERICAINE
INTRODUCTION
L’histoire de la musique afro-américaine est étroitement liée à une terrible réalité : celle de l’esclavage (et donc du commerce triangulaire). Entre 1619, date de l’arrivée des premiers africains en Virginie et la guerre de Sécession (1861-1865), deux millions d’esclaves sont déportés dans les colonies d’Amérique du Nord pour y travailler dans les plantations des colons. L’esclavage ne sera aboli qu’en 1865 après la guerre de Sécession. Pour les esclaves dépouillés de leurs biens, déracinés, la musique reste l’un des seuls ponts qui les relient encore à leurs origines. Ils n’ont plus que le grain de leur voix et la couleur de leur peau pour se réinventer une nouvelle identité. Le peuple noir, en mélangeant des éléments musicaux hérités de l’Afrique avec des éléments empruntés et adaptés de la culture musicale européenne, va ainsi donner naissance à des formes d’expressions comme le Negro-Spiritual puis Le Gospel. Extrait du documentaire Arte : Black music : Des chaînes de fer aux chaînes en or sur la naissance de la musique afro-américaine (7’55) |
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LES WORK SONGS (CHANTS DE TRAVAIL) Le work song permettait aux travailleurs de synchroniser leurs mouvements et de mieux supporter les tâches pénibles. Ces chants étaient transmis par tradition orale et étaient chantés a cappella (sans accompagnement instrumental) en utilisant le principe de la technique responsoriale (call and respons/un choeur répond à un soliste). Alan Lomax (ethnomusicologue américain) a recueilli, collecté, enregistré des centaines de musiques du Sud des Etats-Unis entre 1933 et 1959. et notamment des chants de prisonniers. Ces chants étaient les mêmes chantés par les esclaves. "It's a long John" - Dans cet extrait, les prisonniers chantent a cappella (= sans accompagnement instrumental). - Les coups de pioche soulignent la pulsation et accompagnent le chant. L’outil est donc utilisé comme un instrument. |
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LE NEGRO-SPIRITUAL (musique sacrée) Le negro-spiritual est un chant religieux né au 18ème siècle parmi les esclaves noirs des Etats-Unis. A l’origine, ce sont des cantiques (chant religieux chrétiens) enseignés par les missionnaires blancs aux esclaves travaillant dans les plantations. Les esclaves vont transformer ces chants européens à leur manière en y apportant des éléments propre à leur culture africaine :
Go Down Moses est un spiritual. Le texte est donc religieux et extrait de l’ancien Testament de la Bible. En enregistrant en 1958 ce negro-spiritual, Louis Armstrong rend hommage à ses ancêtres. En effet, la captivité des hébreux en Egypte peut être transposée aux esclaves africains dans les Etats-Unis du 19ème siècle. Ainsi, Israël représente les esclaves africains d’Amérique alors que l’Egypte et le Pharaon représentent les maîtres esclavagistes du Sud des Etats-Unis. Les esclaves hébreux attendaient leur libération par Moïse c’est pourquoi les esclaves africains s’identifiaient à eux. Dans cette interprétation, Louis Armstrong nous montre ici tous ses talents : chanteur et trompettiste de Jazz. Il nous propose une version élaborée de ce chant qui à l’origine était chanté a cappella par les esclaves qui participaient aux cérémonies religieuses. La mélodie devient, ici, le support d’une improvisation de Louis Armstrong à la trompette. Cette version permet de mieux comprendre en quoi le negro spiritual sera une des racines du JAZZ. Depuis l’interprétation de Louis Armstrong, le spiritual “Go down, Moses” est devenu un célèbre standard de Jazz. >> Reprise intéressante de Go Down Moses a cappella mais avec imitation des instruments (human beat box) interprété par JB Craipeau >> En 1967, Claude Nougaro enregistre une version française sous le titre Armstrong pour un hommage à ce grand jazzman (chanteur et trompettiste), symbole de la musique noire-américaine. By the river of Babylone Ce Negro-Spiritual est une prière des esclaves Afro-Américains qui fait référence à un passage de la bible : l'exode de Moïse et du peuple d'Israël est comparé à l'exode forcé des esclaves del'Afrique vers l'Amérique. |
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LE GOSPEL (musique sacrée) Le Gospel (ou Gospel song) est un chant religieux chrétien qui prend la suite du Negro-spiritual dans les années 1920/1930. Il se développe d’abord chez les afro-américains du sud avant de conquérir le reste de l’Amérique. Le mot Gospel signifie « Evangile » (littéralement God Spell, c’est à dire la « parole de Dieu ». ) - Le texte fait souvent référence à Jésus et aux apôtres donc le Nouveau Testament. - L’accompagnement instrumental : Les instruments sont plus nombreux C’est de 1945 à la fin des années 60 que le gospel connaîtra son âge d’or avec des artistes tels que : Mahalia Jackson devient la première star internationale du gospel et des groupes-phares vont connaître la gloire aux États-Unis et dans le monde entier. Les Edwin Hawkins Singers eurent l’idée de reprendre un hymne anglican créé en 1735. Il s’agissait de “Oh Happy Day”, tombé dans l’oubli, et qui fait depuis la carrière qu’on connaît. Film “Sister Act II” (1993) de Bill Duke Synopsis : À la demande de la Mère Supérieure, Deloris Van Cartier (chanteuse/meneuse de cabaret) endosse une nouvelle fois la soutane pour sauver l’école où les sœurs sont devenues enseignantes. Cette école, située dans un quartier difficile de San Francisco est menacée de fermeture par un homme d’affaires sans scrupules. Sœur Mary-Clarence (alias Deloris Van Cartier) prendra en charge la classe assez difficile de musique et finira par la transformer en chorale. Dans l’extrait, la chorale d’adolescent interprète le gospel “Oh happy day” dans une version assez originale : Le soliste ajoute des vocalises qui seront répétées par le choeur (technique responsoriale). Film “The Blues Brothers” (1980) de John Landis Synopsis : Dès sa sortie de prison, Jake Blues est emmené par son frère Elwood chez Soeur Mary Stigmata, qui dirige l’orphelinat dans lequel ils ont été élevés. Ils doivent réunir 5 000 dollars pour sauver l’établissement, sinon c’est l’expulsion. Dans cet extrait, le Pasteur (interprété par James Brown, grande figure de la musique funk et soul) engage un dialogue musical (technique responsoriale) avec l’assemblée de fidèles. Les instruments accompagnateurs sont le piano, orgue, guitare électrique, batterie et tambourin. |
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AVERTISSEMENT !
Rendons à César ce qui est à César.
Le contenu écrit de cette séquence de cours est dû à Mme Giordano, du collège Paul Bert de Cachan.
Retrouvez la page originale ici : http://lewebpedagogique.com/musicarte/2012/09/12/4eme-metissages-la-musique-afro-americaine/
Vous pouvez aussi aller découvrir le reste !
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